Ione Belarra demande de réformer le crime de sédition et que Carles Puigdemont puisse retourner en Espagne

« Ce n’est pas normal qu’ils ne le soient pas » dans notre pays, admet la ministre des Droits sociaux à propos des fugitifs

Ione Belarra, lors d'une conférence de presse après le Conseil des ministres mardi.
Ione Belarra, lors d’une conférence de presse après le Conseil des ministres mardi.EFE
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Le ministre des Droits sociaux, Ione Belarra, a estimé ce jeudi que ce serait « une incongruité » d’arrêter Carles Puigdemont et le reste des fugitifs dans le cas où ils retourneraient en Espagne.

« Je ne sais pas comment je vais défendre cela si nous voulons précisément mettre fin au processus de judiciarisation », a déclaré Belarra dans une interview à Rac1 dans laquelle elle a insisté sur le fait que « parier sur les grâces, c’est permettre aux prisonniers de partir ».

« Ce sera une incongruité d’une taille énorme », a déclaré le ministre, qui a rappelé qu’Unis Nous pouvons toujours défendre la position du dialogue pour résoudre le conflit catalan.

Ainsi, l’opinion des morados contraste avec celle de la Moncloa, où l’on considère que Puigdemont doit être jugé dès son arrivée en Espagne.

La réforme, « au plus vite »

Selon Belarra, le départ d’Espagne de Carles Puigdemont, Clara Ponsat, Toni Comn et Marta Rovira, répond à la poursuite de l’affaire elle-même. Ainsi, il s’est prononcé en faveur de leur retour : « Ce n’est pas normal qu’ils ne soient pas en Espagne ».

En revanche, les membres du gouvernement de coalition négocient « avec insistance » la réforme du délit de sédition pour le porter au Congrès des députés « dans les plus brefs délais », comme l’a annoncé le ministre.

La réforme « est en cours de négociation entre partenaires, au sein du gouvernement, et nous allons essayer de la porter au Congrès au plus vite car c’est une proposition à laquelle nous croyons fermement », a-t-il précisé.

Belarra a évité de préciser des dates. La modification arrivera-t-elle avant l’été ? « C’est un peu risqué de fermer et de se lier les mains avec les délais », a-t-il admis.

PP : la réforme aura des « noms et prénoms »

Le PP accuse déjà le gouvernement d’avoir mis en place une réforme du crime de sédition qui mettra en place des « noms et prénoms » car son objet n’est autre que de protéger l’intention de Sanchez de gracier les personnes condamnées par 1-O et même de rafler le retour de les évadés Carles Puigdemont, Clara Ponsat et Toni Comn qui, selon les populaires, seront renforcés par le « rinçage du Code pénal » qui est « déjà en cours » et par la restitution de l’immunité des trois évadés par le Tribunal de l’UE dans sa résolution du 2 juin.

Le PP tient pour acquis que le gouvernement avance imparable dans la modification qui sera « un costume sur mesure » pour les condamnés et pour les en fuite. Dans le cas contraire, la réforme s’effectuera à l’expiration du délai d’exécution des peines sans grâce et jusqu’à la comparution du dernier des fuyards. Ce n’est qu’ainsi que l’on pourrait garantir, comme l’insiste le porte-parole parlementaire du PP, qu’il ne porte pas de noms et de prénoms

Le ministre de la Justice, Juan Carlos Campo, insiste sur le fait que la sédition et la rébellion doivent être réformées afin d’adapter l’infraction pénale envisagée dans le code espagnol à celle d’autres législations européennes et cite l’allemand, le français, l’italien et le portugais. Ainsi, elle rappelle que l’initiative législative de réforme de la sédition est une arme dont dispose le Gouvernement pour « défendre l’intérêt général » mais qu’« elle ne sera pas utilisée au profit d’individus particuliers ». « Ça n’arrivera pas », souligne Campo pour qui « si un crime n’est pas modifié en 200 ans et finit par sanctionner des comportements dépassés, il faut le reformuler si l’on veut qu’il continue d’être utile et non une simple relique qui soit difficile à appliquer. »

Campo insiste donc sur l’opportunité de procéder à cette réforme afin de franchir une nouvelle étape vers une harmonisation juridique qui facilitera la coopération policière et judiciaire en Europe. Le ministre prône ainsi la révision des crimes contre la Constitution et l’ordre public.