La défense de l’Espagnole emprisonnée en Israël pour terrorisme : « C’est une accusation infondée »

Juana Ruiz Snchez a travaillé dans une ONG palestinienne en Cisjordanie qui, selon l’accusation militaire, a détourné des fonds vers le groupe FPLP

Le mari rend visite à Juana Ruiz ce mardi.
Le mari rend visite à Juana Ruiz ce mardi.EFE

Le tribunal militaire israélien de la prison d’Ofer en Cisjordanie a ouvert le procès contre le travailleur humanitaire espagnol Juana Ruiz Snchez (62 ans), qui il y a trois mois a été formellement accusé, entre autres charges, d’appartenir à une « organisation illégale ».

Ruiz Snchez, installé en Cisjordanie depuis le milieu des années 1980 et marié au Palestinien Elias Rishmawi, a été arrêtée le 13 avril à son domicile de Beit Sahur à la suite d’une enquête des services de sécurité (Shin beit) autour d’un projet de financement du terrorisme en territoire palestinien.

Selon le Shin beit, l’ONG palestinienne pour laquelle il travaille depuis près de 30 ans – Health Works Committees (HWC) – a détourné des fonds de l’étranger pour financer des activités de soins de santé. Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), considéré comme un groupe terroriste par Israël, les États-Unis et l’Union européenne.

L’hispano-palestinien, qui est entré dans la pièce menotté, a nié les accusations dans le bref et formel début du procès. Pour la prochaine audience, prévue le 1er septembre, votre avocat Avigdor Feldman a demandé un interprète, absent ce mardi, puisqu’il ne parle que l’arabe et l’espagnol. D’ici là, l’avocat israélien espère pouvoir analyser toutes les informations présentées et les nouveaux détails de l’accusation qu’il demande.

« Il n’y a aucun motif pour son incarcération »

« Il s’agit d’une accusation sans fondement et qui fait partie des tentatives d’Israël de criminaliser toutes les activités et organisations humanitaires extérieures dans les territoires occupés », a dénoncé l’avocat israélien. Ce militant vétéran des droits humains en Israël a annoncé qu’il demanderait l’assignation à résidence de l’aide car, selon lui, « il n’y a aucune raison pour qu’elle continue d’être incarcérée ».

Feldman, son troisième avocat en quatre mois, remplace Gaby lasky après être devenue députée du parti de gauche Meretz au Parlement israélien.

« Bonne chance, nous sommes tous avec vous », lui a dit son mari, selon l’agence mardi. Efe. Inquiète pour sa santé, elle a ajouté qu’elle était « tellement fatiguée qu’elle ne peut pas se tenir debout ». Rishmawi, qui a clamé son innocence, se trouvait à Ofer avec des représentants du consulat espagnol à Jérusalem.

Parmi les cinq chefs d’inculpation déposés par le Procureur figure celui de « recevoir de l’argent à des fins frauduleuses ». Selon des sources israéliennes, « le FPLP utilise des ONG comme HWC comme couverture pour recevoir de l’argent des pays européens pour toutes sortes d’actions telles que des attaques terroristes.

L’accusation

Elle, ajoutent-ils, était « une figure centrale dans la collecte de fonds de l’étranger qui s’est retrouvée dans le groupe terroriste du FPLP ». Ils pensent qu’il était au courant du lien entre son ONG et le FPLP et citent le CFO Walid Hanatshe accusé par Israël d’une attaque du FPLP il y a deux ans, qui a tué un adolescent israélien en Cisjordanie.

Feldman rejette toute relation entre le FPLP et la femme espagnole, qui travaille sur des projets de coopération et d’assistance pour les Palestiniens depuis les années 1980. HWC nie également les accusations, affirmant qu’elle a été détenue sans connaître les charges, et répond que les fonds reçus à l’étranger vont exclusivement à ses projets humanitaires et sanitaires dans les territoires occupés par Israël pendant la guerre de ’67.

Ces derniers mois, Israël et l’Espagne ont eu des entretiens sur cette affaire, l’un des sujets de la conversation entre leurs ministres des Affaires étrangères, Yair lapide et Jos Manuel Albares, respectivement, fin juillet.

La semaine dernière, le haut représentant pour la politique étrangère européenne, Josep Borrell, a noté que l’UE suit le cas du citoyen espagnol détenu et jugé par Israël en Cisjordanie tout en niant l’accusation générale selon laquelle les fonds européens destinés aux ONG palestiniennes sont détournés en Palestine vers des tâches autres que le travail humanitaire.