La nouvelle stratégie de l’OTAN considère l’attaque sur son territoire comme l’utilisation agressive de l’immigration ou du gaz

Le nouveau manuel de l’Alliance assimile les menaces hybrides à une invasion « armée »

Margarita Robles et Pedro S.
Margarita Robles et Pedro Sánchez, hier, lors du sommet de l’OTAN à Ifema.Juan-Carlos HidalgoEFE
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  • Conception stratégique L’OTAN met en garde contre la menace de la Russie et de la Chine et promet de « défendre chaque centimètre de territoire allié »

Parmi les questions clés énumérées par l’Alliance atlantique dans son nouveau manuel, il y en a une qu’elle propose Espagneentre autres pays, une protection supplémentaire contre un éventuel envoi marocain d’immigrants vers Ceuta comme en 2021 ou une hypothétique coupure de gaz algérienne. Les deux attaques seraient considérées comme une agression militaire. Des opérations hybrides contre les Alliés pourraient s’élever au niveau d’une attaque armée et conduire le Conseil de l’Atlantique Nord à invoquer l’article 5, le soi-disant Concept de sécurité 2022.

Les menaces hybrides incluent l’utilisation politique des immigrés ou la panne d’électricité et peuvent déclencher l’article clé du Traité : tous pour un, un pour tous.

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L’OTAN accorde cette pertinence aux menaces hybrides depuis 2016, mais cela ne faisait pas partie de son Notion de sécurité, qui définit les défis de sécurité auxquels l’Alliance est confrontée et décrit les tâches politiques et militaires que l’OTAN entreprendra pour y faire face. Autrement dit, ce blason reste inscrit dans son manuel stratégique pour les 10 prochaines années.

Dans le document -de 16 pages-, il est clair dans sa première ligne qu’il est adopté à Madrid et établit que l’OTAN doit se protéger des acteurs autoritaires qui mènent des activités malveillantes dans le cyberespace et l’espace, promeuvent des campagnes de désinformation, instrumentalisent la migration et ils manipuler et faire du chantage économique. Ces acteurs sont également à l’avant-garde d’un effort délibéré visant à saper les normes et institutions multilatérales et à promouvoir des modèles de gouvernance autoritaires.

L’Alliance précise dans son nouveau manuel d’opérations que l’ennemi est la Russie et cite cette menace bien plus largement que le flanc sud sans un plus grand équilibre entre les deux fronts comme le souhaitait l’Espagne. Un exemple est que la Russie apparaît 14 fois dans le document et l’Afrique seulement quatre. La Russie est également décrite comme une menace directe, alors que Chine crédité de défier les intérêts alliés et Afrique du Nord affecter notre sécurité. Mais il ressort de la formulation que l’Espagne pourrait utiliser ce concept de sécurité pour demander l’aide de l’Alliance face à une attaque du Maroc avec des immigrants à Ceuta, comme cela s’est produit en 2021. Ou aussi contre une éventuelle coercition algérienne avec l’approvisionnement en gaz, quand le cas.

L’Afrique du Nord fait face à des défis aggravés, selon un document

Au point 27, la protection est très explicite. Nous investirons dans notre capacité à préparer, dissuader et défendre contre l’utilisation coercitive de tactiques politiques, économiques, énergétiques, informationnelles et autres tactiques hybrides par les États et les acteurs non étatiques. Des opérations hybrides contre les Alliés pourraient atteindre le niveau d’une attaque armée et conduire le Conseil de l’Atlantique Nord à invoquer la Article 5 du Traité de l’Atlantique Nord.

Cet article, pierre angulaire de l’Alliance, établit : Les Parties conviennent qu’une attaque armée contre l’une ou plusieurs d’entre elles, qui a lieu en Europe ou en Amérique du Nord, sera considérée comme une attaque dirigée contre toutes.

Le ministre des Affaires étrangères, Jos Manuel Albares, ne doute pas que l’OTAN protège Ceuta et Melilla, malgré le fait qu’ils soient en dehors du périmètre du Traité, mais la rédaction du Concept de Sécurité renforce le bouclier à l’intégrité territoriale des alliés. Bien que l’OTAN soit une Alliance défensive, personne ne devrait douter de notre force et de notre détermination à défendre chaque centimètre carré du territoire allié, à préserver la souveraineté et l’intégrité territoriale de tous les Alliés et à l’emporter contre tout agresseur, dit-il.

Des sources de l’Alliance soulignent que le concept de sécurité ne peut pas remplacer le traité et que, par conséquent, le cas de Ceuta et Melilla n’est pas aussi automatique que d’autres territoires de l’Alliance, mais elles considèrent qu’il est très probable que, si l’Espagne avait invoqué l’article cinq en attaquant les deux villes , l’OTAN répondrait.

L’OTAN promet de n’investir que dans des fournisseurs d’énergie fiables

Bien que la Russie domine le nouveau concept de sécurité, il y a des mentions expresses du soi-disant flanc sud de l’Alliance. Le point 11 précise que les conflits, la fragilité et l’instabilité en Afrique et au Moyen-Orient affectent directement notre sécurité et celle de nos partenaires. Les voisins du sud de l’OTAN, en particulier les régions de Moyen-Orient, Afrique du Nord et le sahel, fait face à des défis sécuritaires, démographiques, économiques et politiques qui sont interconnectés. Celles-ci sont aggravées par l’impact du changement climatique, la faiblesse des institutions, les urgences sanitaires et l’insécurité alimentaire. Cette situation offre un terrain fertile à la prolifération de groupes armés non étatiques, y compris d’organisations terroristes. Elle permet également des ingérences déstabilisatrices et coercitives par des concurrents stratégiques, ajoute-t-il, évoquant la Russie ou même la Chine dans la région.

L’énergie est pleinement incluse dans le concept de sécurité en tant qu’actif essentiel qui doit être protégé. Nous améliorerons notre sécurité énergétique et investirons dans un approvisionnement, des fournisseurs et des sources d’énergie stables et fiables.