Le Gouvernement réforme le CGPJ à sa mesure pour imprimer un biais progressiste à la Cour Constitutionnelle

La ministre de la Justice, Pilar Llop, avec le ministre des Affaires étrangères, Jos
La ministre de la Justice, Pilar Llop, avec le ministre des Affaires étrangères, José Manuel Albares, aujourd’hui au Congrès.Chema MoyaEPE

La Gouvernement a réussi à promouvoir, avec le soutien de ses alliés nationalistes et indépendantistes et par une méthode super-expresse, la contre-réforme de la réforme qu’il a lui-même menée il y a quelques mois à peine pour empêcher le Conseil général du pouvoir judiciaire, dont le mandat expirait depuis plus de trois ans, pouvait procéder à tout type de nomination. Désormais, l’Exécutif a besoin du CGPJ pour nommer deux nouveaux magistrats de la Cour constitutionnelle car de cette façon il pourra également en élire deux autres et changer le signe conservateur de la cour actuelle pour un progressiste.

Cette réforme de la réforme a été qualifiée de « bâclée » même par les formations qui l’ont soutenue, et de « cacicada » et de « modification adaptée à l’intérêt du gouvernement » par l’opposition. Les deux principaux partis, PP et PSOE, se sont livrés à un carrefour de reproches pour « enlèvement de la justice », « violation de la Constitution » et « atteinte à l’Etat de droit ».

La Congrès, par 183 voix pour, 153 contre et huit abstentions, a admis traiter en urgence la proposition socialiste qui sera approuvée demain à la Chambre sans possibilité d’introduire des amendements et de contrevenir à la jurisprudence européenne qui exige pour ce type de changement que les concernés, dans ce cas le CGPJ, peut présenter des rapports et être entendu. Le débat sur la proposition a coïncidé avec la publication de l’analyse de la Commission européenne sur la qualité de la démocratie et de la justice dans les différents États de l’Union.

Dans le cas de Espagne, Bruxelles demande le renouvellement du Conseil général du pouvoir judiciaire, dont le mandat a expiré depuis plus de trois ans, mais demande également que le mode d’élection de ses membres soit modifié, ce qui devrait être effectué par les juges eux-mêmes afin de promouvoir leur indépendance et éviter leur politisation. Jusqu’à présent, le PP a bloqué la première partie de la prémisse, et le gouvernement, la seconde.

Ciudadanos a accusé le PSOE de « tricher » pour modifier par un projet de loi, c’est-à-dire voler aux organes constitutionnels et au Conseil de la magistrature lui-même, la possibilité de publier des rapports sur une réforme qui ne vise qu’à modifier partiellement les pouvoirs de l’organe Gouvernement des magistrats pour qu’ils puissent, à la convenance de l’Exécutif, nommer seulement deux magistrats de la Cour constitutionnelle mais pas les dizaines de magistrats des cours et chambres supérieures en attente de substitution. « Ils s’en foutent d’eux », a asséné le porte-parole libéral Edmundo Bal, qui a reproché aux deux grands partis la « fabrication de gâteaux » et la « distribution de chaises » qu’ils effectuent avec la Justice.

La PSOE et United We Can, pour leur part, ont attaqué le populaire pour le « boycott » imposé au renouvellement du Conseil depuis 1300 jours et ont accusé le nouveau chef du PP, Alberto Nez Feijo, d’« insubordination constitutionnelle » et de « délégitimation de la démocratie ». Le porte-parole socialiste, François Arandaa insisté sur le fait que son parti avait « péché la gentillesse » et que le PP « en avait profité ».

Le représentant de la populaire, Carlos Rojaslui a répondu en l’assurant que la dernière chose que souhaite le Gouvernement est d’avoir une Justice indépendante et a fait ressortir le contrôle qu’il a décidé Pedro Sánchez exercer sur le Procureur en nommant son ancien Ministre de la Justice, Dolorès Delgado, procureur général de l’État. « Ce gouvernement estime qu’il a le droit d’enfreindre les préceptes constitutionnels à sa convenance », a-t-il déclaré avant de proposer au PSOE le retrait de sa contre-réforme et de s’asseoir pour négocier le pacte d’Etat sur la justice proposé par son parti. L’offre de populaire a été refusé.