Le juge De Prada ouvre la voie à une réduction substantielle des peines des prisonniers de l’ETA

Il a promu une requête auprès de la Cour de l’UE qui permettrait de déduire les années passées en prison en France de celles qu’ils doivent purger en Espagne.

Le magistrat Joseph
Le juge José Ricardo de Prada au Congrès.BERNARDO DAZ

Le magistrat de la Haute Cour NationaleJosé Ricardo de Prada a ouvert une nouvelle voie qui pourrait réduire considérablement les peines purgées par un grand nombre de détenus de l’ETA. Il s’agit de la présentation au Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) d’une requête visant à ce que le temps de prison passé dans un pays membre puisse être déduit de la conformité en cours dans un autre.

Dans le cas des détenus de l’ETA, cela signifierait que les années purgées en France sont prises en compte pour la durée de la peine qui leur est ensuite infligée en Espagne. C’est une hypothèse très courante chez les prisonniers du groupe terroriste, qui avaient la France comme refuge et lorsqu’ils y ont été arrêtés, ils ont purgé plusieurs années de prison pour les délits d’association de malfaiteurs -équivalent à l’appartenance à une organisation terroriste-, détention illégale d’armes et l’utilisation de documents illégaux.

Des années plus tard, une fois leur peine purgée, ils ont été remis à l’Espagne, où de nouvelles peines ont été prononcées pour les attaques spécifiques. Le compteur de temps de prison maximum en Espagne -30 ans dans la plupart des cas- a été remis à zéro.

L’histoire du gang aux longues peines est venue à la Cour suprême pour que les années dans les prisons françaises soient soustraites de leurs trois décennies de conformité, mais la Haute Cour l’a rejetée.

Un cas de fraude

Que la décision préjudicielle devant la CJUE soit un moyen d’abréger les peines des prisonniers de l’ETA a été mis en évidence par le juge De Prada lui-même, lors d’une récente intervention dans un cours de l’Uned sur l’exécution des peines pour terrorisme. Il a regretté cette décision de la Cour suprême et a expliqué qu’à son époque il avait soutenu, sans succès, que l’Assemblée plénière de l’Audiencia Nacional porte l’affaire devant le tribunal luxembourgeois, estimant que la réglementation espagnole ne pouvait pas être conforme à la législation européenne une.

« Une tentative a été faite par certains magistrats de la Cour plénière pour porter devant la CJUE l’interprétation de la compatibilité de l’exclusion de la reconnaissance des jugements étrangers avec la décision-cadre de 2008, mais la Cour suprême a clos le débat », a expliqué de Prada. , critiquant la décision de la Haute Cour.

Il ajouta ensuite qu’il était revenu sur le sujet d’une autre manière. « La seule chose est que mon tribunal a rendu une décision préjudicielle sur cette question », a-t-il dit, précisant qu’il l’a fait dans une affaire qui n’est pas le terrorisme, même si la réponse européenne a des répercussions sur les prisonniers de l’ETA.

La décision préliminaire a été soulevée en relation avec l’escroquerie Frum Filatolico, où le principal accusé a été condamné en Espagne et au Portugal et qui a demandé la conformité pour les deux pays.

« Écart maximum »

« Nous avons demandé s’il était possible de prendre en compte un jugement étranger en Espagne », a expliqué De Prada dès qu’il a évoqué le cas de l’ancien patron d’ETA Soledad Iparraguirre, Anboto, remis à l’Espagne en 2019 après avoir purgé sa peine en France et qui a déjà commencé à purger celles prononcées par la Haute Cour. Dans son cas, calculer la peine purgée en France comme le prône De Prada reviendrait à supprimer 15 ans de prison.

Dans l’ordre dans lequel il envoie la requête à la CJUE, il affirme qu’il détecte « l’écart maximal entre le droit espagnol et le droit européen » en vérifiant que dans des cas comme celui-ci, « toute solution envisageable lorsqu’il y a deux peines prononcées dans des peines de conviction des tribunaux espagnols et de l’UE qu’il est nécessaire de consolider les passages par la reconnaissance nécessaire et d’accorder la même valeur aux peines étrangères ».

L’ordonnance dont De Prada est le rapporteur indique que la solution consistant à purger intégralement les deux peines « sans possibilité d’adaptation ni de limitation punitive » se heurterait à « l’obligation de proportionnalité » des peines et « porterait atteinte à des principes communautaires pleinement établis, comme la reconnaissance mutuelle des résolutions judiciaires ».

Le procureur de la République, contre

La décision préjudicielle, pour laquelle De Prada était rapporteur, est en attente de résolution par le Luxembourg. La demande du magistrat tendant à ce qu’elle soit traitée par voie d’urgence a été rejetée par la CJUE. À l’heure actuelle, le procureur de la République, qui agit au nom du gouvernement, s’est opposé à cette interprétation, selon des sources de l’Audience nationale.

Ces sources estiment que l’interprétation du magistrat n’ira pas de l’avant. Ils expliquent qu’il y a des décisions récentes qui l’ont abordée – une requête d’un tribunal polonais résolue en avril 2021 – et qu’ils l’ont rejetée.

Les mêmes sources soulignent que la norme européenne avec laquelle la loi espagnole se heurte soi-disant n’est pas directement applicable, car il s’agit d’une décision-cadre et non d’une directive.