Le Maroc prévient que la crise « s’aggravera » si Ghali quitte l’Espagne « comme il est entré »

L'ambassadeur du Maroc en Espagne
L’ambassadrice du Maroc en Espagne, Karima Benyaich.Javier OtazuEFE
  • Tribunaux Ghali, malgré les plaintes, pourra rentrer en Algérie
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Rabat a ajouté aujourd’hui encore plus de tension à la crise diplomatique ouverte avec l’Espagne en plaçant l’action de la justice espagnole au centre du conflit autour du chef du Front Polisario, Brahim Ghali. Les relations entre les deux pays ont explosé car le gouvernement a accueilli ce dirigeant dans un hôpital de La Rioja, après que l’Algérie l’ait demandé. Après plusieurs semaines d’escalade, avec des déclarations de plus en plus dures du Maroc, des milliers de Marocains sont arrivés sur les rives de Ceuta, avec une opération préméditée du royaume alaouite.

Depuis 48 heures, il est revenu contrôler sa frontière, mais son ambassadrice, Karima Benyaich, appelée mardi pour des consultations, reste à Rabat sans date de retour. De là, il a fait aujourd’hui des déclarations dans lesquelles il avertit l’Espagne « d’appliquer la loi espagnole » car « la personne autorisée à entrer sur son territoire avec un faux passeport et une identité usurpée est en cours de traitement par la justice », en référence aux affaires ouvertes contre Ghali devant la Haute Cour nationale.

Deux plaintes ont été déposées contre le chef du Polisario. Un pour les crimes de génocide, de torture et de terrorisme, entre autres, présenté par La AAssociation sahraouie pour la défense des droits de l’homme (Asadeh) contre le haut commandement sahraoui, qui a été déposé faute de progrès mais qui est maintenant activé après que le juge Santiago Pedraz ait vérifié que la personne admise à l’hôpital de Riojan est bien Brahim Ghali.

Un autre d’un citoyen espagnol d’origine sahraouie, pour détention illégale et torture à Tindouf. Le magistrat a convoqué le chef du Polisario pour témoigner le 1er juin, mais entre-temps il pourra rentrer en Algérie, s’il se remet de sa convalescence due à Covid.

Le Maroc soutient que, dans ces conditions, la prise par l’Espagne de Ghali, un « criminel » et un « bourreau », « derrière le dos » de Rabat était une « atteinte » à « la dignité du peuple marocain ». C’est pourquoi l’ambassadeur a souligné que si l’on opte pour «la même procédure pour l’éloigner du territoire espagnol», ce serait «choisir la stagnation et l’aggravation» de la crise.

Ce conflit, souligne-t-il, est un «test d’indépendance de la justice espagnole» dans lequel, dit-il, «nous avons pleinement confiance» mais aussi pour les autorités espagnoles. « S’ils veulent choisir de renforcer les relations avec le Maroc ou de coopérer avec leurs ennemis ». «C’est un test pour mesurer la fiabilité du discours qui depuis des années est en faveur du bon voisinage et de la collaboration stratégique», souligne-t-il.