Les citoyens ignorent leurs fondateurs à l’occasion du 15e anniversaire du parti

Les libéraux fêteront ce samedi l’anniversaire de leur constitution avec l’absence de la plupart de leurs promoteurs

La présidente de Ciudadanos, Inés Arrimadas.
La présidente de Ciudadanos, Inés Arrimadas.PE
  • Ancien chef Albert Rivera n’assistera pas à la convention des citoyens qui cherche à relancer la fête
  • Tribune Ciutadans, trois décennies de libéralisme en Catalogne

La célèbre photo du 7 juin 2005 au restaurant Le taxidermiste de Barcelona acquiert un ton de plus en plus sépia. Les absences notables des promoteurs de Ciudadanos au quinzième anniversaire de la fondation du parti élargissent la distance qui existait déjà entre ces pères intellectuels et la direction actuelle de la force libérale.

Cs commémorera ce samedi à Barcelone l’anniversaire de sa constitution, en juillet 2006, mais il ne sera pas suivi par la plupart des protagonistes de la rencontre immortalisée un an plus tôt, lorsqu’un groupe d’intellectuels opposés au nationalisme catalan formait la tribune Citoyens de Catalogne et ils ont créé le manifeste intitulé Pour la création d’un nouveau parti politique en Catalogne.

Félix Berger, Épée d’Arcadi ou alors Xavier Pericay Ils faisaient partie de ce portrait emblématique de l’embryon de Cs, mais ils ne feront pas, à la place, de l’acte de ce week-end. Ils affirment ne pas avoir été invités à participer à la célébration qui aura lieu au Musée d’Art Contemporain de Barcelone (Macba).

Francesc de Carreras Il est l’un des rares signataires du manifeste fondateur à avoir reçu l’invitation, même s’il ne sera pas présent à un événement qui comprendra une table ronde composée du secrétaire général adjoint et porte-parole, Edmundo Bal ; le secrétaire général, Marina Bravo; le leader en Catalogne, Carlos Carrizosa, et le député européen Jordi Canas, et qui sera clôturé par le discours de la présidente, Inés Arrimadas.

Un autre des vieux visages du parti, l’eurodéputé Javier Nart, qui a quitté le militantisme il y a deux ans, a montré sa surprise devant l’absence des principaux promoteurs. Sources de formation Orange Ils expliquent que l’acte se veut un souvenir des origines, mais qu’il ne s’arrêtera pas à la nostalgie et se tournera vers l’avenir.

Sans Albert Rivera

Non moins importante sera l’absence d’Albert Rivera, chef indiscutable du parti, d’abord en Catalogne puis dans l’expansion nationale qui a suivi, jusqu’à son abandon de la politique après la débâcle des élections législatives de novembre 2019, lorsque Ciudadanos a perdu plus de deux millions et demi de voix et est passé du statut de troisième force au Congrès au sixième, derrière Vox, Unidas Podemos et Esquerra Republicana. L’ancien président libéral n’assistera pas non plus à la convention que la formation tiendra à Madrid les 17 et 18 juillet pour donner un coup de barre à son parcours. Il se pourrait, d’autre part, que Rivera assiste à la convention nationale du PP en octobre prochain, un extrême que la direction populaire n’a pas démenti et qui prend de la force grâce à l’étroite collaboration professionnelle de l’ancien dirigeant Orange avec les conservateurs de son cabinet d’avocats.

Le quinzième anniversaire du parti survient au moment le plus délicat de son histoire. Les mauvais résultats aux élections catalanes du 14 février, quand il a perdu 30 sièges et est passé d’être la première force dans le Parlement à l’avant-dernier, avec seulement six députés, et la débâcle dans les régions autonomes de la Communauté de Madrid qui s’est tenue le 4 mai, au cours de laquelle elle a perdu ses 26 minutes et s’est retrouvée sans représentation dans le Assemblée régionale, ont rejoint la perte de muscle au Congrès pour pouvoir servir de parti charnière. Les 10 parlementaires actuels – lors des élections d’avril 2019, il avait obtenu 57 sièges – se sont avérés insuffisants comme alternative aux pactes successifs que le gouvernement du PSOE et United We Can ont conclu au cours de la législature actuelle avec les groupes qui ont conduit à l’investiture de Pedro Sanchez en janvier 2020.

La direction de Ciudadanos est consciente que, désormais, la bataille à mener ne doit pas se concentrer sur le fait d’être un parti au pouvoir, mais sur la capacité d’exercer une force d’équilibrage. Certains de ses dirigeants estiment que les pactes de Sánchez avec Esquerra et les éventuelles affectations qui pourraient en découler pourraient lui faire des ravages dans la seconde moitié du mandat. Ils considèrent également que le nouveau tour de Pablo Casado pour concurrencer Vox ouvre une niche de voix du côté du centre-droit. Cs veut aspirer à être un attrape toute la fête, quoique, cette fois, avec la modestie à laquelle le dernier trébuche aux urnes obligent.