Les experts dénoncent que la réforme du pouvoir judiciaire va à l'encontre de la Constitution et de l'équilibre des pouvoirs

Mercredi,
14
octobre
2020

02:00

Ils considèrent que la tentative d'éliminer la majorité qualifiée pour nommer une partie du CGPJ est un coup «inhabituel» pour «l'équilibre institutionnel»

Pedro S

Pedro Snchez, hier mardi à La Moncloa, lors d'une réunion sur la transformation numérique.

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Éliminer la majorité qualifiée pour désigner une partie du Conseil général de la magistrature revient à remettre en question l'équilibre des pouvoirs et à saper le Constitution. Telle est la conclusion majoritaire des experts en droit constitutionnel consultés par LE MONDE. Contre cette thèse, on entend aussi dire que la réforme proposée est, en tout cas, un moindre mal préférable à un embouteillage qui semble sans fin.

C'est une réforme plus que discutable qui n'a pas de sens du point de vue du maintien de la pureté du Conseil, de la préservation de son impartialité, dit-il. Manuel Pulido, Professeur de droit constitutionnel à la université de Navarre. Pulido est très critique sur le fait que des membres élus avec différentes majeures coexisteront dans le même Conseil. C'est déformer le choix. Quoi de neuf, qu'il y a des voyelles mieux que d'autres? Non, il n'a ni tête ni queue.

Il déforme le choix, il n'a ni tête ni queue

MANUEL PULIDO

À partir de Université de Santiago, le professeur Roberto White Il résume ainsi son opinion sur la proposition: Il me semble encore une manière de violer l'équilibre des pouvoirs, équilibre directement lié au fait que certains pouvoirs respectent l'autonomie institutionnelle des autres pouvoirs. Comment? Dans certains cas, avec la garantie que ses membres sont élus avec des majors qualifiés.

Blanco souligne que ce n'est pas par hasard que d'autres organes constitutionnels tels que la Cour constitutionnelle et le Défenseur du peuple sont également choisis à la majorité qualifiée. Le but de cette majorité qualifiée est d'empêcher une majorité parlementaire simple de prendre le contrôle d'organes qui, de par leur nature, ne devraient pas être des organes du parti. Ni le Conseil ni le TC ne devraient répondre aux majors du gouvernement, explique-t-il.

Il y a des organes qui ne devraient pas faire la fête

ROBERTO BLANCO

Blanco ne soustrait aucun brouillon à la manœuvre des deux partis à l'exécutif. Le gouvernement, qui est prêt à lutter contre tous les équilibres institutionnels. C'est très sérieux. Comme je n'ai pas de majorité et que je ne parviens pas à conclure des accords, je réduis la majorité. C'est inhabituel.

Ce même mot, inhabituel, apparaît dans l'appréciation du professeur jusqu'à récemment de la Constitution Autonome de Barcelone, Teresa Freixes. Il est inhabituel que les organes d'importance constitutionnelle ne soient pas réglementés lors de leur élection avec un large consensus, dit-il. Freixes, également nommé professeur Jean Monnet ad personam, a une référence européenne prête: le nôtre est le seul conseil d'administration de la justice dont les membres sont élus par les organes politiques dans leur intégralité. Dans le reste, cela se fait avec une importante participation directe des juges, affirme-t-il, rappelant comment les rapports successifs de la Conseil de l'Europe ils ont mis le doigt sur cette plaie.

Ça fait mal du point de vue de la Constitution

TERESA FREIXES

Freixes distingue ce qui peut être fait formellement de ce qui doit être fait. Formellement, la réforme peut être faite, puisque la Constitution n'exige pas une majorité des 3/5 des chambres pour les 12 membres d'origine judiciaire, ce qu'elle exige pour les huit juristes. Mais cette réforme ne doit pas aller de l’avant. Ce n'est pas n'importe quel organe, disons, au deuxième niveau. Cela fait très mal du point de vue de l'esprit de la Constitution qu'un organe de pertinence constitutionnelle ne soit pas renouvelé par une large majorité.

Sans applaudir, je comprends, il faut trouver des solutions

XAVIER ARBS

Mais la critique sévère ne fait pas l'unanimité. Xavier Arbs, professeur à la Université de Barcelone, voit négatif d'abaisser la majorité, mais encore plus de perpétuer le blocus et qu'un Conseil dont le mandat est expiré continue de procéder à des nominations. Idéalement, ce serait une majorité de 3/5, mais je considère la réforme comme un moindre mal que je suis enclin à débloquer une situation qui ne devrait pas continuer, résume Arbs, qui regrette que le Conseil n'ait pas opté pour la maîtrise de soi et continue avec la rendez-vous. Sans applaudir, car une majorité renforcée est préférable, je comprends. Cela ne devrait pas continuer comme ça. Nous avons atteint un point où il est nécessaire de trouver des solutions au manque de renouvellement, dit-il.

Toutes les personnes consultées supposent qu'il y aura recours à la Cour constitutionnelle, bien que cela n'empêche pas la loi d'entrer en vigueur et le Conseil de se renouveler sans majorité qualifiée. Ce sont des idées de clocher, un événement politique, mais ce sont des faits accomplis, déplore Pulido, qui rappelle que la ressource n'empêche pas l'application de la règle. Et pour voir qui ose alors revenir sur les rendez-vous.

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