L’Espagne récupère l’ambassadeur du Maroc et perd celui d’Algérie après le tour de Pedro Sánchez sur le Shara

L'ambassadeur du Maroc en Espagne
L’ambassadrice du Maroc en Espagne, Karima Benyaich.

Karima Benyaich, ambassadrice de Maroc au Espagneest revenu à Madrid en signe d’appréciation Rabat après que Pedro Sánchez, dans un virage radical par rapport à la position historique espagnole, ait reconnu le projet d’autonomie marocaine sur la chara occidental comme le plan « le plus réaliste et le plus crédible » pour l’ancienne colonie.

Comme EL MUNDO a pu le confirmer, Benyaich a retrouvé son poste en Espagne après presque un an de retrait par Mohamed VI de la légation diplomatique alaouite à Madrid.

Il s’agit du premier geste de Rabat envers le gouvernement espagnol après que la volonté du gouvernement d’accepter les aspirations marocaines à la souveraineté sur le territoire du Sahara occidental a été rendue publique.

Le dérapage du Premier ministre dans un dossier clé de la politique étrangère espagnole a cependant conduit à un affrontement diplomatique frontal avec Algérie qui a décidé hier d’appeler immédiatement son représentant diplomatique en Espagne pour des consultationsDit Musi.

Le retour de l’ambassadeur, appelé à des consultations en mai dernier après l’accueil en Espagne du chef du Front Polisario Brahim Ghali pour être soigné du Covid dans un hôpital de Rioja, représente pour le gouvernement espagnol la démonstration d’un nouveau départ dans les relations entre Madrid et Rabat.

Cependant, ce retour ne suffit pas à calmer le malaise que la décision de Sánchez a généré chez son partenaire gouvernemental, dans l’opposition et dans le bloc des forces qui ont soutenu son investiture. Pratiquement toutes les forces parlementaires ont exprimé leur désaccord avec une initiative qui change radicalement la position que l’Espagne a traditionnellement maintenue à l’égard de la Chara, et ce, en contradiction avec les résolutions des Nations Unies, avec le programme électoral socialiste lui-même, avec les décisions de la Cour européenne de justice et avec la position de la grande majorité des pays de l’UE.

Demain, les forces politiques représentées au Congrès enregistreront plusieurs demandes de comparution urgente du président du gouvernement afin qu’il rende compte de la tournure qu’il a donnée à la politique étrangère dans ce domaine sans consensus et en laissant l’annonce venir de Rabat.

Les groupes se méfient d’un pacte que le gouvernement tente de vendre comme une nouvelle bénéfique et excellente capable d’ouvrir une nouvelle étape d’amitié avec le voisin du sud. Cependant, pour le moment, aucun document n’a été révélé qui engage Rabat à bannir ses aspirations annexionnistes à l’égard de Ceuta et Melilla, sa reconnaissance des eaux canariennes ou son engagement à ne plus recourir à l’immigration – avec l’envoi de petites embarcations et des assauts vers les frontières de Ceuta et Melilla – comme outil de pression contre l’Espagne.