Schéma en Catalogne pour contourner la peine des 25% : chaque école décide de prolonger ou non les heures d’espagnol

Le gouvernement catalan donne « l’autonomie » aux écoles pour assouplir l’immersion sans coller à la décision de justice

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Manifestation contre 25% d’Espagnols, en décembre.PE

La Generalitat finalise sa ruse pour contourner l’arrêt de la Cour suprême qui exige que 25% des matières soient enseignées en espagnol dans toutes les écoles catalanes. Le gouvernement a élaboré un décret par lequel il accorde l’autonomie aux écoles pour rendre l’immersion plus flexible à volonté, accordant aux centres le pouvoir de prolonger ou non les heures d’espagnol, en fonction des besoins linguistiques détectés chez leurs élèves.

Le projet de décret des enseignements de l’éducation de base -qui concerne à la fois le primaire et l’ESO et auquel EL MUNDO a eu accès- détermine que les centres auront un pourcentage de l’horaire hebdomadaire qu’ils géreront de manière autonome. Ainsi, ces heures dont ils disposent peuvent être dédiées à la structuration d’un projet globalisant et peuvent également être dédiées à la résolution de problèmes curriculaires que le centre a soulevés issus de son environnement.

Le texte normatif -déjà envoyé aux directeurs des centres- ajoute que les critères d’organisation de l’enseignement et de l’apprentissage des langues pour leur traitement et leur utilisation seront déterminés, dans le cadre de l’autonomie des centres, en tenant compte compte de la composition linguistique des étudiants et de la réalité sociolinguistique de l’environnement de chaque centre et par l’utilisation des méthodologies d’apprentissage les plus appropriées à chaque situation.

Le gouvernement réserve 20% des heures d’enseignement -environ cinq heures par semaine- afin que les écoles puissent décider de manière autonome à quoi elles les utilisent, selon une annexe au décret. De cette façon, les écoles seront libres d’utiliser ces heures gratuites pour enseigner plus d’espagnol si, parce qu’elles se trouvent dans une zone avec une proportion plus élevée de catalanophones, elles considèrent que leurs élèves ont des déficits dans l’utilisation de l’espagnol. Mais ils seront également libres de conserver l’immersion dans son format actuel et de passer ces heures à renforcer d’autres compétences curriculaires. En bref, ils ne peuvent augmenter les heures d’espagnol que s’ils le jugent approprié et sans respecter le pourcentage de 25% stipulé par la décision ou l’exigence qu’une matière de base soit enseignée en espagnol pour se conformer à la décision de la Cour suprême.

Cette manœuvre ERC, qui contrôle le ministère de l’Éducation de la Generalitat, vient ressusciter la proposition de l’ancien conseiller républicain Joseph Bargall, qui proposait en 2018 un assouplissement de l’immersion dans des zones majoritairement hispanophones. Dans des contextes où l’espagnol n’a pas de force sociale et n’est pas la première langue d’une bonne partie des élèves, une approche didactique proche de celle que nous utilisons avec les langues secondes (immersion linguistique dans le cas du catalan) devra être adopté. Si le nombre d’heures d’exposition à cette langue n’est pas suffisant pour atteindre, à la fin du système éducatif, le même niveau de catalan et d’espagnol, le centre doit décider, dans son projet linguistique, d’intégrer des blocs de contenus curriculaires en espagnol , dit-il, la révision du projet d’immersion, qui a été enterré devant la furieuse réaction des secteurs séparatistes.

La ruse ERC a aussi des options pour plaire au PSC, qui proposait en 2019 un assouplissement de l’immersion dans son congrès, ce qui a également fini par enterrer la polémique dans l’aile la plus catalaniste du parti. Pierre Aragons chercher le soutien de Île de Salvador arguant que l’autonomie est accordée aux centres pour adapter le modèle linguistique à leurs besoins. La question sera débattue dans le cadre du Pacte national pour la langue, auquel les socialistes ont déjà accepté d’adhérer et qui pourrait déboucher sur une réforme législative pour étayer la ruse urgente du gouvernement.